Que faire si je découvre une épave et pourquoi il est important de la protéger?
Selon l’UNESCO, il y aurait au moins trois millions d’épaves dans le monde, dont certaines ont plusieurs milliers d’années. Une épave comme le Scotsman possède une grande valeur patrimoniale et elle agit aussi comme un récif artificiel et attire des colonies d’invertébrés et de poissons. En effet, les nombreuses surfaces de bois et de métal fournissent un habitat aux mollusques et aux petits poissons, qui attirent à leur tour des poissons de plus grande taille, et ainsi de suite. Chaque épave est un écosystème particulier qui varie selon son ancienneté, ses matériaux, les courants présents, sa distance vis-à-vis de la côte et sa profondeur ainsi que la température et la salinité de l’eau. Toutes ces caractéristiques ont des influences directes sur les espèces présentes qui réagissent également aux changements climatiques. Il faut donc agir avec précaution lors de travaux archéologiques.
Outre son riche environnement naturel, Une épave comme le Scotsman témoigne d’un événement figé dans le temps qui a valeur de capsule temporelle. Celle-ci contient des informations historiques uniques et irremplaçables. Les épaves nous en apprennent sur leur construction, sur leurs réparations, sur leur cargaison, sur leurs marins. Beaucoup d’épaves comme le Scotsman ont été la dernière demeure de marins disparus.
Le mythe selon lequel les épaves recèlent des trésors de grande valeur est malheureusement toujours d’actualité. Comme on vient de l’évoquer, une épave c’est un vestige physique qui témoigne directement de l’ingéniosité technique des hommes, de leurs voyages, du commerce, de la guerre, du quotidien et de son abandon. Le Scotsman nous parle de tout cela, parce qu’il est un témoin d’une histoire qui ne tient pas uniquement aux circonstances et lieu de son naufrage. On est donc loin de la notion de trésor composé d'or, d'argent et de bijoux.
Au Canada et au Québec les pratiques d’altération des épaves (pillage) vont à l’encontre des lois provinciales, fédérales touchant le patrimoine archéologique submergé. Elles perturbent les sites au point d’annuler les possibilités d’en retirer des informations cruciales pour l’archéologie.
Si vous découvrez une épave, vous devez contacter le ministère de la Culture du Québec et un des receveurs des épaves du Canada car la poursuite des explorations doit se faire avec un permis archéologique. En touchant l’épave ou en soulevant du fond un objet qui s’y trouve, vous risquez d’endommager des restes fragiles et compromettre leur valeur scientifique qu’elle soit archéologique ou biologique. Déclarer une épave c’est participer aux efforts de conservation et de protection de notre patrimoine subaquatique.
Grâce à la collaboration de tout un chacun, on pourra mesurer au fil du temps l’extraordinaire histoire qui nous est accessible au fond du Saint-Laurent des lacs ou des rivières. Ici git une richesse culturelle, historique et biologique incomparable, mais fragile, qu’il nous faut protéger et faire découvrir.